Marina Vlady, Comédienne, Présidente Jury Fictions
Marina Vlady apparaît pour la première fois au cinéma dans Orage d’été de Jean Gehret avant d’être remarquée dans Pardon My French et Des gosses de riches de Bernard Vorhaus ou encore Dans la vie tout s’arrange de Marcel Cravenne. Partie en Italie, elle enchaîne les tournages, de Penne nere d’Oreste Biancoli aux Infidèles de Steno et Mario Monicelli, en passant par La Fille du diable de Primo Zeglio, Les Aventures et les amours de Casanova, à nouveau signé Steno et Jours d’amour, réalisé par Giuseppe de Santis et Leopoldo Savona qui lui vaut une première reconnaissance publique. En France, elle est engagée par André Cayatte dans Avant le déluge pour lequel elle est récompensée du Prix Suzanne Bianchetti. Applaudie dans Le Crâneur de Dimitri Kirsanoff, Sophie et le crime de Pierre Gaspard-Huit et Symphonie inachevée de Glauco Pellegrini, elle devient la muse de Robert Hossein qui la dirige au théâtre dans sa pièce Vous qui nous jugez et à quatre reprises sur grand écran, dans Les Salauds vont en enfer, Pardonnez nos offenses, Toi, le venin et La Nuit des espions. Parallèlement, tous deux partagent l’affiche de Crime et châtiment de Georges Lampin, La Sentence de Jean Valère et Les Canailles de Maurice Labro. La comédienne est aussi remarquée dans La Sorcière d’André Michel et Liberté surveillée d’Henri Aisner et Vladimir Voltchek. La Princesse de Clèves de Jean Delannoy, adapté de Madame de La Fayette, immortalise son élégance et son talent d’actrice. Pour ce film, elle se voit décerner le Prix Femina de la Meilleure Actrice en Belgique. Suivent d’autres rôles marquants dans La Fille dans la vitrine de Luciano Emmer, Adorable menteuse et On a volé la Joconde de Michel Deville, La Steppe d’Alberto Lattuada, Climats de Stellio Lorenzi, le sketch L’Orgueil de Roger Vadim pour le film collectif Les Sept péchés capitaux, sans oublier Les Bonnes causes du vétéran Christian-Jaque. Le Lit conjugal de Marco Ferreri lui vaut une nouvelle consécration et la reconnaissance de ses pairs avec le Prix d’Interprétation Féminine au 16ème Festival de Cannes et une nomination aux Golden Globes. Elle goûte à l’humour piquant de Dragées au poivre, réalisé par Jacques Barratier et se voit offrir par Orson Welles son premier rôle dans la langue de Shakespeare avec Falstaff. Après Atout cœur à Tokyo de Michel Boisrond et Mona, l’étoile sans nom de Henri Colpi, elle donne l’une de ses interprétations les plus mémorables dans Deux ou trois choses que je sais d’elle de Jean-Luc Godard. Par la suite, elle joue dans Le Temps de vivre de Bernard Paul pour lequel elle reçoit l’Étoile de Cristal de la Meilleure Actrice, le film russe Lika, le grand amour de Tchekhov de Sergueï Ioutkevitch, Sirocco d’hiver du maître hongrois Miklós Jancsó et Contestation générale de Luigi Zampa. Après Pour un sourire de François Dupont-Midi, Sapho ou La Fureur d’aimer de Georges Farrel grâce auquel elle remporte un second Prix Femina et La Nuit bulgare de Michel Mitrani, elle rejoint Jean Yanne au casting de sa comédie iconoclaste Tout le monde il est beau tout, le monde il est gentil. Éclectique, elle se met au service du film politique Le Complot de René Gainville, du thriller médical Sept Morts sur ordonnance de Jacques Rouffio, du film historique culte Que la fête commence de Bertrand Tavernier et du drame Elles deux de Márta Mészáros. On la retrouve dans Le Mystère du Triangle des Bermudes de René Cardona Jr. qui lui vaut un troisième Prix Femina, Duos sur canapé de Marc Camoletti, Le Malade imaginaire de Tonino Servi, L’Œil du maître de Stéphane Kurc et Les Jeux de la Comtesse Dolingen de Gratz de Catherine Binet. En quête de nouvelles expériences, elle tourne sous la direction du Tchèque Vojtěch Jasný, du Grec Níkos Koúndouros et de l’Argentin Fernando E. Solanas avec Tangos, l’exil de Gardel. Elle amuse dans Twist again à Moscou de Jean-Marie Poiré, charme dans Les Exploits d’un jeune Don Juan de Gianfranco Mingozzi et émeut dans Splendor d’Ettore Scola au côté de son complice Marcello Mastrioanni. Elle surprend une nouvelle fois critique et public avec Follow Me de Maria Knili, Le Fils de Gascogne de Pascal Augier, Jeunesse de Noël Alpi, le documentaire Nissim dit Max de Pierre et Vladimir Léon et le drame intimiste Quelques jours de répit d’Amor Hakkar. Entretemps, elle prête sa voix au portrait d’Andreï Tarkovski par Chris Marker intitulé Une journée d’Andreï Arsenevitch. Elle sera prochainement à l’affiche de Spira mirabilis de Massimo D’Anolfi et Martina Parenti. À la télévision, elle connaît un grand succès avec la série médiévale La Chambre des Dames. Sur petit écran, elle travaille également avec Michel Deville, Marcel Camus, Jean-Claude Brialy, Jacques Doniol-Valcroze, Jacques Deray, Jean-Claude Carrière sans oublier les Frères Taviani. On la remarque également dans Condorcet écrit par Élisabeth Badinter, la série Dans un grand vent de fleurs réalisée par Gérard Vergez et Victoire ou La Douleur des femmes de Marie Trintignant, 3 femmes en colères d’après Benoîte Groult et récemment la série Sam. Sur les planches du Théâtre Hébertot, elle connaît un triomphe en compagnie d’Odile Versois et Hélène Vannier et du metteur en scène André Barsacq grâce à Trois Sœurs d’Anton Tchekhov. Elle incarne un nouveau classique tchekhovien avec La Cerisaie sous la direction de Georges Wilson, joue Erendrira et la grand-mère diabolique de Gabriel García Márquez dans une mise en scène de Augusto Boal et La Source bleue de Pierre Laville sous la houlette de Jean-Claude Brialy. Après Les Dames du jeudi de Loleh Bellon par Christophe Lidon, elle est récemment saluée dans Le Cavalier seul de Jacques Audiberti mis en scène par Marcel Maréchal. Artiste libre et indépendante, elle enregistre quatre albums et se produit comme chanteuse aux Bouffes du Nord en mémoire de son compagnon Vladimir Vissotski. On lui doit également plusieurs ouvrages en librairie dont Babouchka, Vladimir ou le vol arrêté, Le Voyage de Sergueï Ivanovitch, Ma cerisaie, Ballades, 24 images/seconde, Le Fol Enfant et C’était Catherine B.. Son exceptionnelle carrière a été distinguée du Prix Reconnaissance des Cinéphiles en 2008.
© Photo : Bernard Barbereau